« Il faut qu’agriculteurs et salariés travaillent ensemble et sur un pied d’égalité »
Le congrès de la CFDT Agri-Agro, premier syndicat des salariés agricoles, a eu lieu au début de décembre à Lille (Nord). L’occasion de faire le point sur le salariat avec Benoît Delarce, secrétaire national à la CFDT en charge de la production agricole.
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En agriculture, nous avons 1,2 million de contrats salariés annuels avec 800 000 contrats saisonniers. Les salariés agricoles représentent un peu moins de la moitié de la force de travail agricole. Les salariés sont donc importants en agriculture, en particulier comparativement aux 384 000 agriculteurs d’aujourd’hui. Il faut que nous puissions rééquilibrer les gouvernances dans certaines instances agricoles.
Manager des salariés, ça s’apprend ! (14/07/2025)
L’état des gouvernances à l’heure actuelle est très très très déséquilibré en faveur des exploitants agricoles. Dans une session de chambre d’agriculture, il y a 34 membres, nous avons six salariés. À la CCMSA (1), 13 administrateurs centraux représentent les salariés, 16 les non-salariés. Nous demandons juste une parité dans les décisions. Nous, nous prônons un paritarisme. Il faut qu’agriculteurs et salariés travaillent ensemble et sur un pied d’égalité.
La tendance est claire. Dans cinq ans, dix ans, il y aura plus de travail effectué par les salariés que par les agriculteurs. Face à l’enjeu du renouvellement des générations, le salariat fait partie des solutions.
Nous n’avons aucune donnée établie sur la part de la main-d’œuvre étrangère. Il y a un vrai travail à réaliser. Je mets quiconque au défi de me dire combien il y a de travailleurs étrangers en agriculture. Est-ce 5 %, 30 %, 60 % ? On ne le sait pas. Nous avons très rarement des données fiables. Or sans données claires, nous ne pouvons pas bâtir des politiques d’emploi et de contrôle réalistes.
Pour essayer de lutter contre les abus, nous avons participé à la rédaction d’une convention nationale de lutte contre le travail illégal. Elle a pour vocation de coordonner sur ces sujets les services de gendarmerie, de l’administration, de l’inspection, les organisations patronales, syndicales, et la MSA.
Du point de vue des négociations collectives, ça ne change rien puisque la Coordination rurale a fait le choix de ne pas faire de démarches pour être représentative des employeurs agricoles. Donc il y a une seule organisation qui est représentative, c’est la FNSEA.
En revanche, nous avons 289 élus dans les chambres d’agriculture. Dans celles tenues par la Coordination rurale, c’est dur. Des discours sont assez radicaux. Le suivi des salariés n’est pas forcément un de leurs sujets. Des militants ont été parfois mis sous pression verbalement. Certains ont été pris à partie, voire exposés directement dans des appels à la violence.
En Nouvelle-Aquitaine lors de l’élection de la présidence de la chambre, du fait du vote démocratique, la Coordination rurale n’a pas accédé à la présidence. Elle a ciblé nos militants qui risquaient de « subir les conséquences » de ne pas avoir voté en leur faveur pour la présidence.
Il y a eu des tracts avec les noms de nos militants appelant à les empêcher de rentrer dans la chambre… Nous avons publié un communiqué de presse pour alerter l’opinion publique, demander aux autorités de protéger nos élus et aux représentants nationaux de la Coordination rurale de tenir leurs troupes. Nous défendrons systématiquement nos adhérents de toutes les actions violentes de l’organisation, et de toute organisation qui attaquera nos militants.
(1) Caisse centrale de la Mutualité sociale agricole .
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